Michèle Mazeau est médecin de rééducation fonctionnelle, neuropsychologue.
Elle exerce au SESSD LADAPT (Service d'éducation spéciale et de soins à domicile) de Paris. Elle a publié plusieurs ouvrages, sur les troubles de l'apprentissage et participe à de nombreux colloques en France et à l'étranger.

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Quelle est l'origine de votre réflexion / de votre attention  sur les difficultés des enfants à l'école ?
Mon activité professionnelle, le fait que, comme médecin, je me suis orientée vers les séquelles intellectuelles et cognitives des troubles neurologiques, mon intérêt pour le "fonctionnement" du cerveau humain.

Votre expérience professionnelle vous a amené(e) à rencontrer de nombreux enfants en difficulté dans le contexte scolaire.  Pourriez-vous citer 3 caractéristiques communes à tous les enfants qui vivent cette réalité ?
  • honte, souffrance, mésestime de soi, découragement, ... 
  • peur angoissante d'être "gogol" (déficient intellectuel ou fou) 
  • capacité à rebondir si la main tendue l'est avec sincérité, vérité et ... efficacité !

Vos représentations de cette problématique ont-elles évolué dans le temps ?  Grâce à quoi ?  ... à qui ?
Oui, bien sûr, énormément, à la fois du fait de mon âge +++ et aussi du fait de l'évolution des connaissances en neuropsychologie ces 30 dernières années, qui ouvrent d'autres perspectives.

A votre avis, l'école fait-elle partie du problème ?
Oui, l'école fait partie du problème. Mais ce n'est pas l'école LE problème. pour chaque enfant, c'est une conjonction de facteurs qui est "le" problème, conjonction dont l'école fait évidemment aussi partie dans la plupart des cas.

Comment appréhendez-vous la situation d'un enfant en difficulté à l'école ?  Quelles sont vos premières clés de lecture de cette difficulté ?
Mes choix professionnels influencent fortement ma lecture des difficultés du jeune. Les premiers éclairages me sont donnés (à conjuguer aux autres) par la neuropsychologie infantile et donc, l'analyse du fonctionnement intellectuel du jeune : essayer de comprendre de quels "outils" cognitifs il dispose (ou non) pour apprendre, comment il les a développés (ou non), comment il les utilise (ou non), ...

Qu'avez-vous appris, par votre expérience, qui pourrait aider les enseignants à mieux appréhender la réalité de ces enfants et les guider dans leur travail d'accompagnement de ceux-ci ?  
Une connaissance (même à minima) des mécanismes cérébraux, physiologiques, qui président aux apprentissages chez l'enfant, en particulier en ce qui concerne la lecture, l'écriture, la numération et le calcul. 
 
Pouvez-vous témoigner d'une réussite dans votre travail d'accompagnement d'enfants en difficulté ?
Pas une réussite, mais un grand nombre !!! (ceci est lié, aussi, à mon grand âge ? !). Ex : enfants en TRES grandes difficultés scolaires (deux redoublement, sous la menace d'une exclusion ou ...) qui (après analyse de leurs difficultés et prise en charge soins + école de plusieurs années) ont repris un parcours "normal", avec une bonne réussite scolaire (bac, en fac de droit, en fac de psycho, école de journalisme, CAP de vente pour un jeune que nous avons connu en rupture scolaire à 14 ans avec un niveau de 3e année primaire, etc.) + une bonne estime de soi et la reprise de relations sociales de qualité (copains, famille, ...). 
Bien sûr, aussi des échecs, des demi-réussites, des demi-échecs,  ...

Si vous pouviez disposer d'une baguette magique pour changer une seule chose dans l'école, que changeriez-vous ?
La formation des maîtres ++++ 
 
Si vous n'aviez qu'un seul conseil à donner aux enseignants confrontés à l'accompagnement au quotidien d'enfants en difficulté à l'école, que leur diriez-vous ?
De regarder ces jeunes comme des enfants qui apprennent différemment plutôt que comme des enfants "incompétents" (ou incapables de ...).

Michèle Mazeau, février 2010