Serge Dalla Piazza est docteur en psychologie, neuropsychologue et psychothérapeute. Maître de stages à l'Université catholique de Louvain et à l'Université de Liège, il coordonne et assure la supervision de plusieurs services spécialisés pour personnes handicapées : services d'accueil de jour, services résidentiels, services d'aide précoce, etc. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages spécialisés dans le domaine des déficiences.

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Quelle est l'origine de votre réflexion/de votre attention  sur les difficultés des enfants à l'école ?

En ce qui me concerne, il s’agit moins d’enfants en difficulté que d’enfants en situation de handicap et/ou porteurs de déficiences.
Ma réflexion repose sur le principe de réparation, celui d’une injustice fondamentale car ces enfants n’ont rien demandé pour se retrouver dans cette situation et, d’un autre côté, les attitudes inadéquates de enseignants notamment résultent le plus souvent d’un manque d’information plutôt que d’un manque de cœur.

 
Votre expérience professionnelle vous a amené(e) à rencontrer de nombreux enfants en difficulté dans le contexte scolaire.  Pourriez-vous citer 3 caractéristiques communes à tous les enfants qui vivent cette réalité ?
J’ai rencontré plusieurs centaines d’enfants. Tous ces enfants m’ont appris ceci :
  • Il faut toujours avoir confiance en eux et dans leurs ressources, toujours plus importantes qu’on imagine.
  • Ils font preuve de bien plus de tolérance à l’égard de la différence que de nombreux adultes, leur « méchanceté » résultant le plus souvent d’une gestion inappropriée du groupe classe.
  • Même au plus fort de leurs échecs ou de leur souffrance, ils sont capables de joie et d’optimisme.


Vos représentations de cette problématique ont-elles évolué dans le temps ?  Grâce à quoi ?  ... à qui ?

Oui, grâce aux enfants dans la confirmation des points de la question 2, au fil des expériences. Plus le temps passe et plus je deviens optimiste quant à leur possibilité d’évoluer et de s’adapter, mais je deviens également plus pessimiste sur les moyens mis en œuvre pour les aider, moyens qui se diluent au gré de la parcellisation des politiques, des services, des moyens d’aide. La dilution atténue les remèdes.

A votre avis, l'école fait-elle partie du problème ?

Oui, car elle reste encore trop souvent source de savoir et moins source de vie. L’école doit fournir des connaissances, des procédures, évaluer celles-ci, mais aussi fournir un savoir être-avec. L’exclusion des élèves faibles, différents reste encore bien trop fréquente. Si l’enfant différent apprend de ses pairs valides, ces pairs valides apprennent autant au contact de la différence, fût-la tolérance dont ils auront bien besoin par la suite, dans leur vie.

Comment appréhendez-vous la situation d'un enfant en difficulté à l'école ?  Quelles sont vos premières clés de lecture de cette difficulté ?

Ne jamais se fier aux apparences.
Evaluer les ressources de tout le système qui gravite autour de l’enfant.
Se baser sur ses efficiences bien plus que sur ses déficiences.

Qu'avez-vous appris, par votre expérience, qui pourrait aider les enseignants à mieux appréhender la réalité de ces enfants et les guider dans leur travail d'accompagnement de ceux-ci ?  


Ne jamais rester seul en face d’une situation difficile.
Toujours dialoguer avec parents et autres intervenants.
Toujours chercher des solutions ensemble.
Ne jamais imaginer que l’échec est inacceptable.
Sortir du carcan du programme.
Oser imaginer…


Pouvez-vous témoigner d'une réussite dans votre travail d'accompagnement d'enfants en difficulté ?


Il y en a trop. Des enfants autistes, des enfants avec des « dys »fonctionnements, des enfants avec une IMOC, des troubles attentionnels, des enfants psychotiques, etc… Pas mal d’entre eux sont devenus adultes, se sont maintenus dans des classes ordinaires, ont évolué, parfois ont trouvé du travail, ont fondé une famille, parfois non. Mais le seuls critères de bonheur sont-ils normatifs ?

Si vous pouviez disposer d'une baguette magique pour changer une seule chose dans l'école, que changeriez-vous ?

Je supprimerais l’enseignement spécial pour ne conserver que quelques classes spécialisées dans le cadre d’écoles dites ordinaires et je donnerais bien plus de moyens aux classes non plus différenciées, mais mixtes, tolérantes et accueillantes de la diversité humaine.

Si vous n'aviez qu'un seul conseil à donner aux enseignants confrontés à l'accompagnement au quotidien d'enfants en difficulté à l'école, que leur diriez-vous ?

A l’impossible, nul n’est tenu, mais avant de parler d’impossibilité, avons-nous épuisé nos recherches de solutions ? Le « nous » représente une recherche avec toutes les sources vives (enseignants, PO, PMS, aide précoce, autres personnes et services… 


Serge Della Piazza, janvier 2010