Pour faire partie de la solution, il faut accepter de faire partie du problème

L'école est-elle responsable des échecs qu'elle engendre ?
Ou ne fait-elle que révéler des inégalités qui, de toutes façons, existeraient sans elle ?
Face à l'enfant en difficulté, doit-elle battre sa coulpe ou seulement faire aveu d'impuissance ? Faut-il l'asseoir dans le box des accusés ou simplement l'appeler à la barre des témoins ?

Avant de chercher à répondre à ces questions, sans doute n'est-il pas inutile de se rappeler la raison d'être de l'école, telle que nous la connaissons aujourd'hui : l'école gratuite et obligatoire est une conquête fondamentale de la démocratie et des droits de l'homme.
Elle constitue un droit fondamental, pour tout enfant : celui de s'épanouir en grandissant et de développer toutes ses aptitudes mentales et physiques, dans
toute la mesure de leurs potentialités.

L'école mise en question

Lorsqu'on interroge des
"experts" et des acteurs de terrain sur leur perception du rôle de l'école dans les difficultés d'apprentissage des enfants, tous relèvent la responsabilité -totale ou partielle, selon le point de vue qu'ils adoptent- du système scolaire.
Sont pointés, notamment :

  • l'écart entre les valeurs véhiculées par la famille et celles de l'école, et les tensions ou les incompréhensions que cela crée
  • des démarches d'apprentissage inadaptées aux possibilités réelles des enfants, et qui ne laissent que trop peu de place à l'erreur, au tâtonnement, à la construction des savoirs et au développement de compétences métacognitives
  • un système rigide divisé en années, échéances à trop court terme
  • un déséquilibre entre les performances intellectuelles attendues et les qualités humaines, artistiques, psychomotrices qu'il faut aussi développer chez chaque enfant
  • une logique d'évaluation normative de ces performances intellectuelles, basée sur la comparaison des élèves entre eux mais qui ne permet pas d'apprécier les progrès réels effectués par chacun en regard de ce qu'il est en train d'apprendre
  • une méconnaissance ou une non-reconnaissance des "déjà-là" de l'enfant ...

Aider un enfant en difficulté d'apprentissage dans sa classe, demande nécessairement de (re)questionner la pertinence de ses pratiques pédagogiques.

Définir son profil pédagogique

Quel enseignant suis-je ?
Quelle est la place accordée à "l'erreur" dans mes pratiques ?


Les difficultés d’apprentissage des enfants et les erreurs qu’ils commettent génèrent souvent chez l’enseignant un sentiment d’impuissance et d’angoisse.
Impuissance quant à la manière de les diagnostiquer et d’y faire face, angoisse quant à sa propre compétence d’enseignant vis-à-vis de ses collègues, des parents...

Il est donc important pour celui-ci de s’interroger sur :
  • son profil d’enseignant (dans quel modèle pédagogique, il inscrit ses pratiques), et son rapport à l'erreur (... "ratage" de l’apprentissage ? ... ou condition de celui-ci ?),
  • ses croyances et représentations par rapport à la démarche d’apprendre (une acquisition naturelle des connaissances en lien avec le développement intellectuel progressif de l’enfant ou transformation des « déjà là » suite à un processus intellectuel complexe),
  • sa capacité à « plonger » dans ce qui se passe dans la tête des élèves et mettre en lien leur logique et la logique du savoir, sa capacité à identifier les difficultés de ses élèves et à en tenir compte pour adapter ses interventions

Se connaître en tant qu’enseignant, réfléchir à ses pratiques, aux savoirs à enseigner et les situer dans une vision constructiviste de l’apprentissage permet de mieux appréhender les démarches des enfants et les erreurs qu’ils commettent lorsqu'ils apprennent.

Seule, cette prise de conscience autorise une didactique adéquate pour soutenir les difficultés des enfants.