Parler d'un enfant en difficulté, ça s'apprend
Le discours utilisé pour parler d’un enfant en difficulté diffère selon la personne à qui l’on s’adresse.
On ne parle évidemment pas de la même façon avec des collègues, avec des parents ou encore avec les enfants.

Parler d’un enfant en difficulté entre professionnels

Lorsqu’on parle d’un enfant en difficulté, les mots qui viennent spontanément sont souvent empreints de pessimisme, ils expriment l’incompréhension, le découragement, voire le rejet.
Des mots sévères qui confinent l’enfant dans le jugement …
Or, pour parler d’un enfant qui est en difficulté, qui en souffre, il faudrait porter sur lui un regard bienveillant. En effet, l’enfant perçoit immédiatement quand un autre regard est porté sur lui et cela peut devenir un vecteur de changement.

Parler d’un enfant en difficulté ou d’un enfant difficile ce n’est pas l’assimiler à ses difficultés et le réduire à celles-ci en généralisant des faits.
Un enfant qui copie sur son voisin n’est pas nécessairement un tricheur.
Les mots utilisés pour parler de l’enfant en difficulté changent la perception qu’on en a et donc permettent de dépasser les constats d’échec pour envisager des pistes d’évolution.

Parler d’un enfant en difficulté, c’est parler de ses difficultés en :
  • Nommant les faits que l’on observe pour rester dans l’objectivité.
  • Utilisant un vocabulaire professionnel.
  • Enonçant ce que l’on sait, en échangeant les informations "juste" utiles pour comprendre et analyser le problème.
  • En faisant appel aux compétences professionnelles pour identifier précisément les difficultés.
  • Se dégageant des ressentis et des émotions pour se positionner en professionnel.
  • Se dégageant des préjugés et des croyances pour créer un projet avec l’enfant et pour lui.

Parler avec un enfant en difficulté

Afin qu’il soit acteur du projet que l’on met en place pour l’aider, l’enfant a besoin lui aussi de mettre des mots sur ses difficultés et de les comprendre pour les accepter.
Etre à l’écoute de l’enfant, c’est lui donner la chance d’être reconnu malgré ses difficultés.

Les messages adressés à l’enfant doivent contribuer à conserver chez lui une bonne estime de soi. Il doit sentir toute la confiance que l’enseignant met en ses capacités.

Dès lors, l’enseignant va veiller à utiliser un langage adéquat en :
  • S’interdisant les phrases « assassines » qui génèrent la violence de l’enfant (souvent aussi malheureusement contre lui-même).
  • Se centrant sur les difficultés réelles.
  • Evitant d’accuser l’enfant (tu es…).
  • Choisissant des mots adaptés au niveau de langage de l’enfant.
  • Objectivant non seulement les difficultés mais aussi les forces de l’enfant.


Parler avec les parents de leur enfant en difficulté

Pour que les parents deviennent partenaires des projets mis en place pour leur enfant, la communication avec eux est essentielle.
Les parents sont inquiets quand leur enfant a des problèmes, ils se posent et posent des questions auxquelles les enseignants se doivent de répondre, non pour rassurer mais pour avoir des parents collaborateurs et confiants.

Les mots ont toute leur importance, ils ne doivent ni leurrer ni offenser ni juger les parents, quels qu’ils soient, si déboussolés qu’ils soient.

Les parents sont eux aussi en souffrance quand leur enfant a des soucis à l’école ; les accabler de cette responsabilité ne peut que renforcer leur méfiance à l’égard des enseignants.
Or, pour que l’enfant évolue, parents et enseignants ont tout intérêt à croire l’un en l’autre et à instaurer un dialogue respectueux.

Des paroles justes, qui ne jugent pas mais développent plutôt une nécessaire alliance au service du projet de l’enfant, seront à la source d’un vrai partenariat.


idées complémentaires ( à développer ?) :
- importance de se donner un cadre de parole : temps et espace qui y sont consacrés (plutôt qu'entre deux portes, dans un couloir ou près de la machine à café ...)

- importance de la déontologie : respect du
secret professionnel