Créer un cadre de parole

L’intervision est un temps et un espace de parole structuré par une méthodologie éthique, pour des personnes ayant la même fonction et qui permet d’analyser et de faire évoluer une problématique professionnelle déposée par l’une des personnes.

C’est une
pratique réflexive, elle constitue un outil puissant pour mieux se comprendre, prendre distance et objectiver.

C’est une
pratique apprenante, elle développe la capacité à questionner et l’écoute active.

C’est une
pratique créative, elle permet d’élargir ses propres représentations, d’éclaircir des zones d’ombre, de sortir du cadre et de s’ouvrir à une plus grande perception de la réalité.

C’est une pratique
auto-socio-constructive, car
  • elle offre des pistes à celui ou celle qui dépose une problématique par un partage de vision et enrichit celle des autres participants.
  • tout en accroissant la professionnalité des participants, elle a un impact positif sur les relations au sein du groupe.
  • elle permet aussi d’apprendre de l’expérience professionnelle et de construire des savoirs transférables à d’autres situations

Elle permet :
  • de redonner sens à des situations dans l’impasse
  • de prendre distance par rapport à des situations insatisfaisantes, de relativiser

Chaque personne existe dans le groupe, est écoutée et respectée
Ses règles éthiques

Son bon déroulement dépend du respect de règles éthiques essentielles :
C’est une démarche qui doit rester libre et volontaire et qui suppose une motivation et une implication de chacun des participants
Ce moment doit se dérouler dans un esprit déontologique :
  • La confidentialité est de mise
  • L'anonymat est aidant
  • La mémoire collective appartient au groupe (ce qui se dit ne doit pas être répété ou utilisé à l’extérieur)
Le non jugement ne va pas de soi :
  • Il nécessite une vigilance constante en soi
  • La parole de l’autre doit être acceptée telle quelle
  • Chacun tente de rencontrer l’autre là où il est
Le rôle de l'animateur

C’est pourquoi une technique rigoureuse garantit l’efficacité de cette pratique.
Le cadre de sécurité indispensable est assuré par l’animateur de la démarche, dont le rôle est essentiel :
  • il est le garant du bon déroulement de la séance
  • il cadre et rappelle les règles éthiques
  • il favorise les échanges durant lesquels les ressources de l'ensemble des personnes sont sollicitées.
Les étapes de la démarche

  1. Temps de réflexion personnelle : chaque participant réfléchit et écrit une situation professionnelle problématique. Le problème doit être concret et ponctuel : pas de situation en général !
  2. Tour de table : expliquer en quelques mots la situation : trouver un terme générique.
  3. Choix de la situation par le groupe
  4. Présentation de la situation choisie par l’auteur : les autres écoutent ( "écouter, c’est laisser être l’autre…" )
  5. Clarification mais pas de débat : chaque question est posée à l’auteur qui répond brièvement.
  6. Reformulation de la question : l’animateur aide l’auteur à formuler sa question et l’écrit pour tous : "quel est le problème ?"
  7. Temps d’empathie : naviguer entre le cœur ( "je ressens")et l’esprit ( "j'analyse" ) ...
  8. Brainstorming : chaque participant propose des pistes pour résoudre la situation problématique. L’auteur écoute et n’intervient pas.
  9. Temps d’expression de l’auteur : il pose des questions : toutes les pistes proposées sont-elles explicites ?
  10. Evaluation : retour à l’auteur qui communique au groupe son avis sans nécessairement dire quelle(s) piste(s) il choisit. A-t-il assez d’éléments pour résoudre sa situation problématique ?

© source : Jacqueline Deryck, Cellule de conseil et de soutien pédagogiques, Fédéfoc