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En quoi
l'enseignement de la géographie a-t-il évolué, selon vous ?
Qu'est-ce qu'une
"bonne leçon" de géographie aujourd'hui ?
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L’enseignement de la géographie a évolué au même titre que la géographie, comme discipline, a aussi évolué.
Ainsi alors que la géographie du début du 19e siècle consistait surtout en un exercice d’identification et de catégorisation, l’enseignement d’alors reflétait cette conception. De nos jours la géographie est davantage considérée comme une science humaine dans laquelle les relations Hommes-Nature, et leur compréhension, sont devenues centrales, donc l’enseignement de la géographie suit cette mouvance (quoiqu’on voit malgré tout beaucoup de résistances).
Aussi, mais bien que cela soit moins visible au primaire, les technologies ont amené une grande évolution dans le domaine géographique, donc du même souffle, les outils disponibles pour l’enseignement de la géographie se développent ce qui amène la mise en place de nouvelles pratiques.

Chantal Déry

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L’enseignement de la géographie a pratiquement disparu, il faut bien le reconnaître.

Une bonne leçon de géographie ? Une leçon qui commence par mettre en contact avec la planète Terre (cfr étymologie de la géographie) : si possible aller souvent dehors ou partir de la découverte d’un ailleurs par une activité d’immersion la plus globale possible. A cet égard, la démarche préconisée en éveil dans le programme intégré est merveilleuse, mais malheureusement très rarement pratiquée.
J’aimerais insister sur l’importance de la phase « entrer en contact avec les espaces ». C’est une étape qui est actuellement court-circuitée dans le programme intégré, où l’on indique trop vite « se poser des questions ». Il faut redonner de la place à l’enfant « explorateur ».


Christine Partoune

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Une leçon de géographie n'a plus pour but un savoir déclaratif. La leçon de géo devient un outil pour comprendre et s'approprier le monde. Elle varie les outils d'investigation, elle donne du sens au vécu des enfants, elle se veut active en termes de recherche et de questionnement.
Une bonne leçon est une leçon qui ouvre l'esprit plutôt que de fixer des savoirs abstraits non reliés les uns aux autres...


Dominique Yernaux

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La géographie a beaucoup souffert de n’être qu’académique et discoureuse.
Historiquement (jusqu’au Moyen-Age), la géographie était assimilée à la cartographie et/ou aux récits des grands voyageurs.
C’est avec Rousseau (1712-1778) et le siècle des Lumières que la géographie et la cartographie vont « divorcer ». La géographie ne se limitera plus à un relevé cartographique des déplacements (navigation marchande, flotte militaire, etc). L’apparition des données chiffrées (démographie, économie), des connaissances en géographie physique ainsi que l’apport des philosophes vont orienter la géographie du XVIIIème siècle vers une approche plus analytique, plus globalisante. La notion de paysage fera alors son apparition.

Aujourd’hui, cette science a pour vocation première de structurer l’espace pour aider à la prise de décisions.
Il est absolument nécessaire de considérer l’espace comme un système c'est-à-dire un ensemble d’éléments en interaction ce qui permet de rendre compte à la fois des éléments qui le composent et des liaisons existant entre ces éléments (les relations de causes à effets, des conséquences envisageables, anticiper, …).


Les objectifs actuels de la géographie sont de trois niveaux :

  • Des objectifs de « Savoirs » : les connaissances, le vocabulaire spécifique tant pour localiser, décrire, inventorier, que pour définir les différents concepts liés à l’espace (dans toutes ses dimensions). L’espace, localisé, est fait de contraintes naturelles, humaines, sociales. Sa perception peut-être individuelle et/ou collective.

  • Des objectifs de « Savoir-faire » : la démarche géographique, les techniques spécifiques pour passer d’un espace structuré, organisé à un espace en questions, problématisé dans sa complexité croissante.
    L’objet d’étude de la géographie est l’espace, sa démarche d’analyse place l’homme au centre.

  • Des objectifs de « Savoir-être » : développer des attitudes, des comportements critiques, curieux, tolérants, … pouvoir agir en citoyen responsable.


L’objectif général étant de COMPRENDRE l’espace comme produit des rapports entre les hommes aux lieux POUR mieux le maîtriser et agir sur lui.

L’éveil géographique, dans sa recherche d’explications, va permettre à l’enfant d’acquérir une authentique connaissance du milieu càd affective, intellectuelle et progressivement rationnelle.



Nathalie Bourdouxhe

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Sans vouloir paraitre pessimiste, je me demande s’il a tant changé que cela … Trop souvent encore, j’ai le sentiment que les leçons de géographie partent toujours d’un sujet que l’on veut faire découvrir - de manière plus ou moins constructive - aux enfants à qui on amène toutes les infos afin d’ensuite élaborer une belle synthèse pour tous … Je caricature sans doute un peu mais dans beaucoup de classe, cela semble encore se passer ainsi, quand ce n’est pas purement et simplement l’enseignant qui transmet le savoir.

Comme expliqué plus haut, je pense qu’il est plus riche pour les élèves de développer des démarches qui permettent de découvrir diverses connaissances (savoirs) par leur utilisation …


David Dusoulier

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Je ne peux pas dire en quoi il a évolué. Par contre, il me semble qu’une leçon de géo dont je suis fière est une leçon où les élèves ont été mis en interrogation et en action. Je pense qu’il est essentiel de partir de leurs représentations pour les faire évoluer petit à petit et surtout de partir d’éléments qui ont du sens. Quand mes élèves terminent une leçon en se posant encore de nouvelles questions ou en faisant des liens avec leur vécu… alors c’est gagné, selon moi.


Marie-Pierre Deridder

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À l’heure actuelle, la formation géographique ne peut plus se contenter de faire apprendre des savoirs. Cette formation doit inviter les élèves à s’ouvrir au monde et à développer leur esprit critique. Elle doit leur permettre de comprendre les enjeux sociétaux, comme le contexte sociopolitique. Le conflit israélo-palestinien en est d’ailleurs un exemple.

Une « bonne leçon » est celle qui met l’enfant au centre de l’apprentissage :

  • qui part du vécu de l’enfant ;

  • qui prélève le « déjà-là » ;

  • qui permet à l’enfant d’appréhender les notions d’espace et de temps ;

  • qui donne du sens en favorisant une interdisciplinarité.


Bref, c’est une leçon qui permet à chacun de s’ouvrir au monde.


Laurence Blondiau, Sophie Vitry et Mercedes Vercouter

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L’enseignement de la géographie n’a jamais cessé d’évoluer.
Avant d’être remis à l’honneur par Jean-Jacques Rousseau, qui avait parcouru à pied le chemin de Genève à Paris en notant les caractéristiques des paysages traversés et réalisant des herbiers au gré de ses collectes, au dix- septième siècle la leçon de géographie constituait une activité scolaire ludique réservée aux bons élèves de l’enseignement secondaire. Ceux-ci pouvaient, durant les récréations, consulter les cartes affichant les contours et caractéristiques du Nouveau Monde, tandis que les autres élèves avaient droit à des « remédiations » en Latin et Grec.

L’enseignement de la géographie est resté « périphérique » avec des conséquences historiques puisque les Français ont considéré la défaite de 1870 de Sedan, comme une conséquence de la connaissance médiocre qu’ils avaient de la géographie de leur propre pays, par rapport à celle dont disposaient les Prussiens. Il s’en est suivi un âge d’or de la mémorisation des traits descriptifs, économiques et géopolitiques en lien avec la lecture de cartes et des restitutions sévères de savoirs figés. Ces agissements ont enfermé la science de l‘étude de la Terre et de la compréhension des phénomènes qui régissent l’harmonie du couple «  homme-nature » en une discipline où les dominantes étaient les nomenclatures, les exposés magistraux et les résumés à restituer de mémoire.
Au siècle dernier, l’avènement des disciplines d’éveil a favorisé l’étude du milieu autorisant l’exploration et l’expérimentation des apprenants, traçant la voie de l’interdisciplinarité.

Aujourd’hui la leçon de géographie devient un lieu de parole citoyenne et de lecture compréhensive du monde dans l’optique d’une perspective visant un mieux vivre partout et pour tous et pour longtemps (à défaut de pouvoir dire « pour toujours »). C’est un espace d’apprentissage privilégié où sont interpelés les phénomènes que l’actualité, les loisirs, les mouvements des peuples en quête de liberté, de dignité de travail et de démocratie rappellent quotidiennement.

Y- a-t-il une bonne leçon de géographie ? Et si elle existait elle serait celle qui tenant compte de l’apprenant (son âge, sa condition humaine, sa culture, son cursus scolaire), offre des situations d’appropriation de savoirs fondamentaux et permet l’exercice de savoir-faire tels que ceux qui ont été proposés plus avant en utilisant au mieux tous les canaux et les supports de la communication.

Françoise Capacchi

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Effectivement, la conception de la géographie a évolué au fil du temps. Lorsque les contraintes du milieu étaient très fortes pour l’homme, la géographie était plutôt « naturaliste ». Grâce aux progrès techniques et technologiques, l’homme a pris le pas sur le milieu et la géographie est devenue davantage « sociale ».
On pourrait donc dire que l’évolution s’est faite …
… d’une géographie descriptive à une géographie explicative et prospective.
… d’une géographie naturaliste (prééminence de la nature) à une géographie humaine (prenant en compte l’individu et le groupe social = prééminence de l’homme).
… d’une géographie du « donné » à une géographie du « construit ».
… d’une géographie du « subi » à une géographie du « dominé ».


Les ingrédients d’une bonne leçon de géographie sont, pour moi, les mêmes que pour toute autre leçon, à savoir :

  • susciter de l’intérêt, de l’envie, de la motivation ;

  • travailler sur du concret (explorer l’espace réel avant de passer à l’espace représenté) ;

  • mettre les enfants en recherche et trouver des stratégies pédagogiques qui leur permettent de construire le savoir ;

  • structurer et synthétiser l’apprentissage ;

  • transférer à d’autres situations.


Aline Debouny

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Davantage d’opportunités afin de sortir de l’école, que ce soit dans le cadre d’une journée de sortie, d’activités extérieures ou de classes de dépaysement de tous les types existent aujourd’hui. Certains établissements font le choix d’intégrer cet aspect d’ouverture au monde dans leur projet d’établissement, impliquant la réalisation d’actions concrètes dans ce but.
Ceci permet d’exploiter les compétences en géographie de manière pertinente. Il faut multiplier les sorties et vivre la géographie sur le terrain.
Il faut également profiter des nouvelles technologies, notamment pour illustrer les espaces les plus éloignés ou bien profiter de prises de vue intéressantes. Les représentations de l’espace peuvent aussi être particulièrement riches au moyen des TICE. 
La bonne leçon de géographie, actuelle, met en œuvre des compétences transversales et aussi disciplinaires chez les élèves. C’est ce qui guidera la manière dont l’enseignant va imaginer son activité. Si l’enseignant sait pourquoi il donne son activité, avant même d’imaginer comment il va l’organiser, c’est déjà un part de garantie d’une bonne activité.


Frédéric Deplasse