Stacks Image 8035
Stacks Image 8040

Avez-vous des souvenirs personnels sur la manière dont vous êtes devenu(e) élève ? Ont-ils orienté votre réflexion sur la place de l'enfant à l'école aujourd'hui ?
Stacks Image 8049
Je me souviens avoir appris avec beaucoup de facilités mais il s’agissait d’un apprentissage de « surface » qui mobilisait souvent la mémoire à court terme et qui me paraissait quelque peu ennuyeux. Ce n’est que plus tard que mon rapport au savoir a changé et que j’ai pris conscience que ce qu’on apprenait à l’école pouvait me permettre de comprendre le monde qui m’entourait. Cette question me mobilise donc particulièrement dans ma réflexion sur la place de l’enfant à l’école.

Christine Caffieaux

Stacks Image 8056
“De mon temps” (!) on devenait élève par l’obéissance des règles de civilité et de morale. Je ne suis vraiment devenue élève que le jour où j’ai compris ce que le savoir pouvait m’apporter, le plaisir, l’autonomie et le pouvoir. Donner du sens aux savoirs, donner de la valeur à l’activité scolaire (en dehors des notes !), c’était là la clé pour moi.

Marie-Thérèse Zerbato-Poudou

Stacks Image 8063
C’est arrivé assez tard dans mon adolescence. Grâce à des participations à des activités d’éducation populaire (aumôneries, patronages, camps de jeunes, …) qui nous donnaient la possibilité de vivre en tant que personnes, c’est-à-dire reconnues comme douées de pensées, capables de prendre des responsabilités, coordonner des projets à plusieurs, … Pour la première fois, j’ai alors pu transférer au monde de l’école cette nouvelle image de moi et pu entrer progressivement dans des démarches d’auteurs de mes travaux. Alors que jusque-là je me contentais, souvent avec souffrance, d’exécuter les consignes sans penser, le sentiment d’exister est devenu une sorte de moteur pour travailler mieux.
J’en suis alors naturellement venu à me tourner d’abord vers les métiers de l’éducation, puis vers ceux de l’enseignement qui, en somme, sont ceux qui disposent des durées les plus longues et des moyens les plus conséquents pour accompagner des enfants ou des jeunes vers une actualisation d’eux-mêmes. C’est logiquement, grâce à des études en science de l’éducation et plusieurs rencontres, que je me suis tourné vers les pédagogies coopératives et essayé de les construire dans le sens d’une socialisation dans un rapport formel aux savoirs : apprendre se fait d’autant mieux à plusieurs, lorsque les forces des uns deviennent des ressources potentielles pour les autres. La conséquence immédiate est que travailler ainsi participe à une formation solide et durable de la personne.


Sylvain Connac

Stacks Image 8070
Sous le noir regard sévère de ma mère institutrice, je crois que je suis quasiment née élève … et le suis restée longtemps ! Evidemment, cette expérience personnelle m’a influencée dans mes réflexions, mais surtout sur la place de l’enfant dans la famille et sur l’influence que l’Ecole exerce sur cette place.


Danielle Mouraux

Stacks Image 8077
Oui, toute mon énergie à lutter depuis longtemps contre une école prise au piège de l’injonction paradoxale qui lui est faite (de sélectionner tout en éduquant) a un ancrage dans l’expérience vécue avec mon petit frère. Il se trouvait dans la même classe que moi tous les deux ans et je le voyais souffrir par la contrainte qui lui était faite de faire un métier d’élève qui ne lui convenait absolument pas. Alors que je parvenais à m’y plier.


Etiennette Vellas

Stacks Image 8084

J’ai un parcours plutôt atypique pour un professeur ! Renvoyé d’un lycée privé après un redoublement, j’ai remonté la pente grâce au tire-fesse de la formation professionnelle : CAP de dactylo, BEP administratif, baccalauréat de bureautique. C’est cette orientation professionnelle, concrète, qui m’a permis soudain de comprendre ce que l’on me demandait de faire. La suite, l’université, la formation de professeur et le concours de recrutement, se sera faite sur la base de cette dynamique comme si le changement de statut – passer de la dernière à la première place – m’avait autorisé à réussir.
Mais avoir connu l’échec me permet effectivement d’échapper à la caricature de l’ancien bon élève devenu professeur. Ça ne m’apporte pas toutes les réponses mais m’aide sans doute à me poser les bonnes questions notamment chercher pour chaque notion quel sens cela peut bien avoir pour un enfant de neuf ou dix ans.


Sylvain Grandserre

Stacks Image 8091

Non, c’est surtout mon expérience de psychologue en centre PMS qui me permet cette réflexion puisque je ne rencontre que des enfants qui sont en difficulté voire en souffrance dans leur métier d’élève.

Marianne Leterme

Stacks Image 8098
J’ai réussi ma scolarité, et pourtant, il ne m’en est pas resté grand-chose. Apprendre sans en trouver le sens. Comme un singe savant. D’où mon travail en pédagogie Freinet et sur les « empêchements à apprendre » pour qu’apprendre soit vivant. Comme une réparation de ce que je n’ai pas reçu.


Daniel Gostain