Didier Bronselaer est instituteur et psycho-pédagogue. Il dirige le "centre de réussite scolaire" de Waterloo.
Il est l'auteur du livre "Guide pour réussir à l'école. Pour les élèves de 10 à 17 ans et ceux qui les aident"(éditions Labor/Averbode-Erasme)

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Quelle est l'origine de votre réflexion / de votre attention  sur les difficultés des enfants à l'école ?

Un mélange d’expériences personnelles et professionnelles. La pratique clinique associée à des formations et des recherches m’a progressivement permis de relever de nombreux éléments mettant en évidence des raisons, généralement peu perçues, aux problèmes scolaires rencontrés par les élèves et par ricochet aux obstacles qui entravent les efforts des enseignants.

Votre expérience professionnelle vous a amené(e) à rencontrer de nombreux enfants en difficulté dans le contexte scolaire.  Pourriez-vous citer 3 caractéristiques communes à tous les enfants qui vivent cette réalité ?

Communes à tous les enfants sans doute pas, mais pour la grande majorité d’entre eux, je propose :

  • un sentiment d’incompétence envahissant,

  • l’une ou l’autre faiblesse cognitive, instrumentale,

  • une non-reconnaissance par l’environnement (parents ou professeurs) et l’enfant, de ces deux caractéristiques.


Vos représentations de cette problématique ont-elles évolué dans le temps ?  Grâce à quoi ?  ... à qui ?

Oh oui, grâce avant tout à ma pratique, donc aux jeunes et leur famille qui me consultent. J’ai le sentiment que c’est surtout la netteté de ces représentations qui s’affine, du moins jusqu’à aujourd’hui.


A votre avis, l'école fait-elle partie du problème ?

L’école ne vaut que par ses usagers et là il y règne de nombreuses lacunes qui se caractérisent par le manque d’harmonie entre les différents niveaux sans compter les compétences incomplètes des professionnels. Le réseau scolaire est composé de nombreux ensembles qui ne peuvent être dirigés de manière cohérente, la liberté du (pseudo)choix d’école ayant été coulée dans la loi en 1831.


Comment appréhendez-vous la situation d'un enfant en difficulté à l'école ?  Quelles sont vos premières clés de lecture de cette difficulté ?

De manière globale, par l’association de différentes grilles de lecture, systémique dont la famille, cognitive, affective, et pédagogique, sans compter la prise en compte du développement physiologique.


Qu'avez-vous appris, par votre expérience, qui pourrait aider les enseignants à mieux appréhender la réalité de ces enfants et les guider dans leur travail d'accompagnement de ceux-ci ?  

Qu’il existe toujours une solution pour aider un élève, il faut la chercher, l’élaborer notamment avec lui. Il n’y a pas de faute, ni de l’un, ni de l’autre. Il est nécessaire d’accepter ses incompétences, de se renseigner, de faire appel « à l’équipe », il n’y a pas de magie, et ni d’ailleurs de solution toute faite puisque chaque élève est différent comme l’est d’ailleurs chaque enseignant.

 
Pouvez-vous témoigner d'une réussite dans votre travail d'accompagnement d'enfants en difficulté ?

Voilà une question difficile, peut-être le fait que la consultation que je dirige existe depuis 1986 essentiellement grâce au bouche-à-oreille. La réussite en sciences humaines demeure toutefois relative.


Si vous pouviez disposer d'une baguette magique pour changer une seule chose dans l'école, que changeriez-vous ?

Le négatif en positif. Le « ne pas ou ça n’ira pas ou encore t’as pas » devient « voyons ensemble comment réussir à passer ce cap, parce que nous le passerons ensemble, même si ça doit prendre du temps ».
  

Si vous n'aviez qu'un seul conseil à donner aux enseignants confrontés à l'accompagnement au quotidien d'enfants en difficulté à l'école, que leur diriez-vous ?
Ces enfants ont besoin de vous, de votre patience et de votre confiance en eux.


Didier Bronselaer, février 2010