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"S'il te plaît, dessine-moi une pratique réflexive" ...

S'il est un terme devenu commun dans la littérature et dans le discours pédagogiques, c'est bien celui de
praticien réflexif.

Apparu en 1983 aux Etats-Unis, sous la plume de Donald Schön, ce concept est devenu une évidence. Au fond, ne définit-il pas en deux mots le coeur du travail de tout enseignant ? Car aucun enseignant n'agit en automate, ne fait la classe comme un robot distributeur de leçons ... ne fût-ce que par l'expérience acquise au fil des années, qui transforme petit à petit les pratiques de chacun.

Tout enseignant serait-il, par la force des choses, un praticien réflexif qui s'ignore ?
On comprend bien la limite de cette idée car - c'est un euphémisme - certains enseignants sont clairement "plus réflexifs" que d'autres ...

Dès lors, quels sont les éléments qui font la différence entre les premiers et les seconds ? Pourquoi certaines pratiques semblent-elles plus réfléchies (réflexives) que d'autres ?
Chercher à répondre à cette question conduit à s'en poser une autre, préalable : qu'est-ce qu'une pratique pédagogique ?

Un processus continu de prise de décisions

Pour Bernard Rey
1, "faire la classe est une activité de la plus haute complexité dans laquelle il faut prendre une multitude de micro-décisions."
Ainsi, qu'il le veuille ou non, lorsqu'il travaille avec ses élèves, chaque enseignant se trouve au coeur d'un processus continu de prise de décisions.  Personne n'y échappe, pas même celui qui ne s'appuierait que sur des manuels, du premier au dernier jour de l'année scolaire : d'abord, parce qu'il a dû choisir ses manuel parmi l'ensemble des manuels existants ; ensuite, parce qu'il a dû opérer des choix dans les contenus proposés par ces manuels (tous les enseignants savent bien qu'aucun manuel ne couvre exactement le contenu d'une année mais en déborde largement) ; enfin, ces choix étant faits et les contenus mis en oeuvre dans la classe, parce qu'il faut bien décider, à un moment donné, de tourner la page et de passer à l'étape suivante.

Quels sont les constituants de ce processus ?

Intégrer 4 types de données

Pour Eveline Charmeux
2, toute pratique pédagogique devrait résulter d'un travail d'articulation entre 4 types de données : 

  1. Les finalités de l'éducation : celles que définissent les programmes et textes officiels, et qui établissent le contrat social dans lequel s'engage tout enseignant ;
  2. Ce que l'on sait aujourd'hui de l'apprentissage : l'état actuel de la recherche pédagogique dans le domaine des pratiques concernées ;
  3. Les enfants tels qu'ils sont, ici et maintenant : avec leurs déjà-là, leurs caractéristiques, leurs difficultés et leurs atouts, leurs problèmes et leurs solutions ;
  4. L'environnement matériel et événementiel de l'école et des enfants : le temps, l'espace, le cadre matériel disponibles ; l'actualité et la vie de la classe et de l'école, mais aussi des enfants en-dehors de celle-ci.
1 : Bernard Rey, "Faire la classe à l'école élémentaire", éditions ESF, 1998
2 : Eveline Charmeux, "L'écriture à l'école", éditions CEDIC, 1983