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Les manuels de mathématiques sont-ils de bons outils ?  Ne risquent-ils pas d’enfermer les enseignants et leurs élèves dans un carcan qui privilégie les contenus à acquérir plutôt que les démarches à développer, les situations préfabriquées (et donc artificielles) plutôt que celles de la vie quotidienne (qui auraient vraiment du sens aux yeux des élèves) ?   Pour vous, quels seraient les critères à privilégier (lorsque l’on est enseignant) dans le choix d’un manuel ?
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Etant responsable et auteur de manuels (ou plutôt de méthodes d'enseignement 1), mon point de vue est forcément partial.
Je pars de la problématique suivante. Comme tout professionnel, l'enseignant a besoin d'outils qui l'aident dans son travail, qu'il est capable de choisir et d'adapter à la réalité de ces élèves.
A partir de là, l'essentiel réside dans l'outil de l'enseignant (le guide ou le livre du maître) qui doit décrire avec précision les objectifs, les situations à proposer aux élèves, leur mise en œuvre, les réactions (procédures, erreurs…) des élèves ainsi que les connaissances qui pourront être officialisées à l'issue de ce travail. Il s'agit donc d'un guide, certes prescriptif, mais argumenté, documenté et étayé. Ce devrait être, selon moi, le pivot de la méthode.
Viennent ensuite, et ensuite seulement, les outils, les supports pour l'élève (fiches, fichier, manuel, instruments…) qui sont au service de cette mise en œuvre.
Beaucoup de choses ne se passent ni dans le manuel ni dans le fichier, mais dans les activités suggérées dans le guide de l'enseignant, dans les échanges organisés entre élèves, dans les apports et synthèses de l'enseignant.

Compléter des réponses dans un fichier, répondre aux exercices d'un manuel permet souvent de s'entrainer efficacement, rarement d'apprendre et de comprendre réellement. C'est l'équilibre entre recherche, compréhension, entrainement et mémorisation qui est à promouvoir. Le seul usage d'un fichier ou d'un manuel ne saurait évidemment y suffire.


1 Cap Maths, éditions Hatier (du CP au CM2)

Roland Charnay

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Je vous retourne des questions car je ne comprends pas tout dans la vôtre.
Que mettez vous derrière le mot manuel ? Ouvrage pour l’enseignant ou pour l’enfant ou les deux ? Un ouvrage à suivre page après page ? Un ouvrage à consulter ? Un ouvrage dont s’inspirer ? Quel type d’ouvrage ?
Les situations pour faire construire un certain aspect du savoir mathématique ne doivent-elles pas être murement réfléchies avant, être fabriquées pour faire rencontrer les obstacles ? Est-il sûr que les situations de la vie quotidienne vont permettre de construire les divers aspects de la matière et avoir plus de sens pour les enfants ? C’est quoi le sens ?

Françoise Lucas

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Les manuels sont souvent décriés… évidemment ils ne sont pas tous excellents !

Cependant un maître doit enseigner toutes les disciplines et ne peut être parfaitement compétent et performant dans toutes les domaines. Il a donc besoin d’un support. C’est rassurant pour lui, les élèves et les parents. Par ailleurs, ils sont en général plus beaux et plus agréables que les photocopies noir et blanc réalisées souvent à la hâte…
Ils doivent être conçus de façon à faire réfléchir maître et élèves. Les objectifs doivent être clairs et précisés. On ne doit pas y privilégier la pédagogie du modèle. L’idéal étant d’amener une nouvelle notion en partant d’une situation problème. L’analyse de cette situation devra être clairement faite dans un livre pour le maître. Les erreurs prévisibles auprès des élèves, le bilan, l’institutionnalisation devraient être prévus. Il serait bon de présenter différentes résolutions pour les problèmes proposés.
Les pages ne doivent pas être trop surchargées sous peine de décourager.

On trouve tout cela… dans la collection ERMEL. :
Apprentissages numériques et résolution de problèmes.
Apprentissages géométriques et résolution de problèmes.

Difficile d’en dire plus sans faire de publicité.


Thérèse Eveilleau

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Bien plus que le manuel en tant que tel, c’est sans doute la manière de l’exploiter en classe qui fait toute la différence. C’est pour cette raison que nous avons privilégié, dans notre approche des problèmes, des manuels conçus à l’intention des enseignants. Les outils apportent bien entendu des situations d’apprentissage à proposer aux élèves, mais ils proposent surtout des pistes concrètes pour exploiter ces activités : des exemples de démarches d’élèves, diverses manières d’exploiter ces démarches, …


De notre point de vue, les critères à privilégier seraient en relation directe avec cette problématique de l’exploitation en classe Quels types de démarches l’utilisation du manuel peut-il susciter ? Permet-il de partir des démarches informelles des élèves ? Dans quelle mesure ne développe-t-il pas des croyances inappropriées par rapport aux mathématiques (comme par exemple, la présence systématique de mots-clés dans les énoncés) ? S’il comporte des outils de structuration des apprentissages, sont-ils formulés dans un langage accessible aux enfants ? Etc.



Annick Fagnant et Isabelle Demonty

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Le manuel assure une cohérence globale, une construction, une progression. Il doit comporter plusieurs registres correspondant à des aspects différents de la formation. Le squelette théorique doit être limpide, présenté sous une forme repérable, dans un langage adapté au niveau de conceptualisation et de langage. La théorie reprend ce qui a été découvert lors d’un travail préalable en vue de rendre les acquis disponibles pour les applications et la résolution de problèmes. Elle sert de tremplin pour de nouveaux apprentissages.
L’objection du manuel qui fige n’est pertinente que pour un enseignant « figé ».
Il fige en tout cas beaucoup moins qu’un consommable que l’élève remplit.
Utiliser un manuel, cela s’apprend aussi. A aborder sans doute lors de séminaires et de formations, de rencontres.



Françoise Van Dieren

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Tout dépend de ce qu’on en fait !
Il y a des avantages et des inconvénients à « suivre » un manuel, mais il vaut mieux en suivre un (au moins pour commencer), tant qu’on n’a pas réussi soi-même à faire des ponts entre les notions. On peut aussi approfondir certains passages, aménager ou encore écourter.
Mais il est faux de dire qu’ils enferment dans un carcan. Ils aident à structurer. La plupart des manuels sont faits par des chercheurs qui ne mettent pas les notions au hasard.
Je choisis un manuel en fonction de l’organisation des notions, de la progression qu’il propose, puis des rappels de notions. Je choisis aussi un manuel en fonction d’une classe lambda. Cela ne doit pas être trop complexe, ni trop systématique.

En classe, les élèves travaillent sur le BRISSIAUD (
J’apprends les maths) dont j’apprécie l’organisation et la progression pas à pas. Toutefois, pour presque toutes les phases d’apprentissage et de recherche, je me réfère aux situations ERMEL ou CAP MATHS dont Roland Charnay est le chef de file. Ensuite, pour tous les entraînements, j’utilise des fichiers ou des sites internet. Quant aux leçons, quand c’est possible (notamment en simple niveau et dans les classes peu nombreuses), ce sont les élèves qui verbalisent et disent ce qu’ils ont appris, puis on les copie ou je donne une photocopie, donc on ne se sert jamais de celles du livre ou rarement.
En ce qui concerne la question du sens, il n’est pas certain que des situations de la vie quotidienne aient plus de sens pour les élèves que celles que des chercheurs ont imaginées !


Elsa Pelestor