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Quelle est la place du jeu dans les apprentissages mathématiques ?  Est-ce un réel outil pour développer des compétences ou s’agit-il plutôt d’un “emballage” destiné à dorer la pilule des apprentissages ? Selon vous, à quelle(s) condition(s) le jeu est-il intéressant en mathématiques ?  Quelles en seraient les limites ?
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Les enjeux du jeu et de l'apprentissage ne sont pas identiques. On joue par esprit de compétition, pour gagner ou pour se distraire. On apprend pour savoir plus et autrement.
Il serait faux de dire qu'on n’apprend rien en jouant, mais on apprend surtout dans le but d'être meilleur dans le jeu et non pas pour développer ses connaissances mathématiques.

Pour l'apprentissage, il est plus pertinent de considérer le jeu comme un contexte possible d'apprentissage à partir des questionnements qui peuvent être adressés aux élèves. Jouer au jeu de l'oie n'apprend pas nécessairement l'addition. Mais si, sur la base du jeu connu des enfants, on cache la portion de piste qui se situe au-delà de la case qui contient le jeton et si, alors que le dé marque 5, on demande à l'enfant de 6 ou 7 ans de trouver le numéro de la case d'arrivée, alors on le projette dans un questionnement mathématique qui pourra faire progresser ses connaissances additives.

Ajoutons que, pour les très jeunes enfants, l'univers du jeu est un univers familier et qu'il serait absurde de s'en priver, mais que, une fois encore, ce sont les questionnements qui mettant, un temps, à distance du jeu seront les plus favorables au développement de connaissances mathématiques.

En conservant la vigilance sur le fait qu'en passant à un enjeu d'apprentissage le jeu ne perde pas définitivement son caractère ludique pour l'enfant…

Roland Charnay

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Il existe bon nombre de jeux à règles, de hasard ou de stratégie qui permettent réellement de faire construire des notions mathématiques (Lucette Champdavoine, Béatrice Verschaeren, Sylvie Van Lint, Bernadette Guéritte Hess…etc…). Il est important avec les enfants de laisser à ces situations leur caractère de jeux avec l’idée de quelque chose de plaisant où on va gagner quelque chose pour soi, pour les autres, avec les autres, ou contre le grand méchant x… Avec l’idée aussi des règles à respecter pour le bon fonctionnement du jeu bien sûr. Ces jeux –à différencier des jeux d’entrainement de notions apprises- ne sont pas des emballages mais de vraies situations complexes où bon nombre de compétences transversales sont en développement mais aussi des compétences mathématiques pour justement satisfaire les exigences du jeu.
La difficulté est de faire exprimer ce qui se construit comme notions mathématiques et comme compréhension de celles-ci par les enfants. Quand le faire, comment le faire ? La difficulté est aussi d’articuler les jeux entre eux pour faire le tour d’une notion et l’aborder parfois en progression. N’aborder les notions mathématiques que par le jeu serait néanmoins dommageable. C’est d’une part assez peu réaliste et d’autre part c’est évacuer l’idée que apprendre, construire du nouveau savoir n’est pas facile et n’est pas plaisant d’emblée.

Françoise Lucas

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Le jeu est très important dans les petites classes… Mais il l’est aussi chez les plus grands. Présenter une activité sous forme ludique, avec un véritable enjeu, un défi, va stimuler l’élève et éveiller fortement sa curiosité.

EXEMPLES
Télépathie
a troublé plus d’un adulte devenant presque irrationnel…
De jeunes élèves m’ont écrit pour demander le truc… Je ne l’ai pas donné mais leur ai demandé de répéter le tour et de recopier non pas les symboles mais les résultats numériques trouvés et d’observer. Alors ils m’ont écrit tout joyeux en découvrant les multiples de 9. Bien entendu la démonstration mathématique leur a échappé mais l’essentiel était dans les propriétés du nombre 9.


Le jeu du lièvre et de la tortue : jeu à stratégie
Il s'agit d'une course vers un nombre donné. Pour le cycle 3, je recommande de choisir une course à 20 avec un pas maximal de 2. Les élèves alors réfléchissent, conjecturent, essaient, vérifient, corrigent eux-mêmes leurs erreurs et enfin arrivent à trouver une stratégie pour gagner. J'ai été très étonnée par la motivation, la concentration, la persévérance et la capacité à raisonner et argumenter des jeunes élèves pratiquant ce jeu. Guidés par le maître ils s'écoutent entre eux, confrontent leurs résultats, acceptent leurs erreurs et continuent à chercher.
Les patrons du cube :
ce jeu montre comment à partir d'un seul patron du cube on peut les trouver tous. Ce qui est visé ici est la procédure logique utilisée : souci de rigueur dans la méthode.

Les limites ?
Le jeu doit être choisi en fonction d'un objectif précis. Si c’est le cas, il favorise l'effort et la concentration de par la motivation qu'il crée. Ce serait dommage de s'en priver.




Thérèse Eveilleau

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Le jeu peut constituer un outil intéressant que ce soit pour découvrir de nouveaux concepts ou renforcer des techniques mathématiques, … Il permet d’appréhender les mathématiques d’une manière originale et d’engendrer chez certains enfants une motivation parfois insoupçonnée.

Pour être pleinement intéressant, il nous paraît essentiel que le jeu plonge l’élève au cœur d’une réflexion mathématique, même si à certaines étapes du jeu, le hasard par exemple peut intervenir. Il s’agit aussi de ménager des moments entre les parties où on confronte les démarches des élèves, où on met en évidence des stratégies particulièrement efficaces, … afin de s’assurer que, même dans ce contexte ludique, les mathématiques sont bien au cœur de l’activité.

Une dérives concerne particulièrement les jeux de compétition : certains d’entre eux renforcent systématiquement les mêmes élèves (les plus rapides, les plus spontanés…). Il serait dommage qu’un même élève soit toujours perdant, sans avoir vraiment les moyens d’améliorer ses performances et sans finalement être mis, lui aussi, en situation de réussite.


Annick Fagnant et Isabelle Demonty

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Les jeux de la petite enfance sont essentiels. Dans la suite, on peut en mettre à la disposition des élèves, créer des clubs, des concours .... Ce sont des ressources qui ont une valeur éducative stimulantes pour la réflexion. Utiles seulement s’ils confirment ou développent la confiance en soi. Nuisibles dans le cas contraire.
À manipuler avec prudence dans le cadre de la classe. Le contrat pédagogique risque d’être brouillé. L’objectif en termes d’apprentissage, même s’il est clair pour l’enseignant, n’est pas toujours perçu par l’élève.
Pour donner des critères de pertinence pour ces activités, il faudrait opérer des distinctions dans les différents types de jeu et les croiser avec les objectifs poursuivis, les modalités. Un critère essentiel : le jeu doit conduire à des acquis repérables et si possible, évaluables.


Françoise Van Dieren

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Je crois que l’on peut mettre en place des situations très intéressantes pour les élèves sans qu’elles soient ludiques.
Le problème du jeu est celui du
transfert : ce n’est pas parce qu’on sait rendre la monnaie avec de faux billets qu’on sait calculer un « pour aller à ».
Comment donc
transférer la compétence développée dans le jeu ?



Elsa Pelestor