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Quelle différence peut-on faire, selon vous, entre une situation d’apprentissage et une situation d’évaluation ?
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L’apprentissage ne peut être réel que s’il transparaît au travers d’activités de différenciation et/ou d’activités propices à la recherche personnelle… Toute situation d’apprentissage est pour moi une activité qui permet l’évaluation de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être. Cette évaluation que j’appelle formative ne peut se pratiquer qu’au travers de l’observation des élèves au travail ! Il est donc indispensable pour l’enseignant de se ménager des temps durant lesquels les enfants sont capables d’autonomie dans leurs recherches ; l’adulte devient ainsi observateur (il prend des notes sur les attitudes observées chez ses élèves) et l’enfant, acteur de ses savoirs ! Et pour que cette évaluation soit la plus objective et la plus précise possible, il est indispensable de jouer durant une semaine sur différentes formes d’apprentissage comme nous le suggérons dans la pédagogie Iéna !


Jean-Marc Buret

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Je suis toujours ahurie de voir que tant d'enseignants (et de décideurs !!) confondent deux notions aussi monumentalement différentes : les programmes français du primaire (2008) ne proposent QUE des activités d'évaluation, dont on se demande quand les enfants ont pu travailler à apprendre !!
Pendant qu'il coupe sa planche, le menuisier ne la mesure pas : il l'a fait avant, et il le refera après, pour vérifier que sa coupe est bien celle qu'il voulait.
Une situation d'apprentissage est une situation au cours de laquelle on CONSTRUIT un savoir, grâce à des recherches, des manipulations, des transformations, des expérimentations. Une telle situation n'est efficace que si elle s'effectue en petits groupes, seul moyen d'apporter de la richesse et de la variété, voire des contestations auxquelles on cherche à répondre... 
Une situation d'évaluation ne peut arriver qu'après, LONGTEMPS APRÈS (le savoir nouveau a besoin d'être digéré... longuement).


Eveline Charmeux

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Si apprendre c’est parvenir à modifier de manière durable ses représentations ou ses schèmes d’action, évaluer, c’est essayer d’en faire un état des lieux. A l’instar des spécialistes des sciences cognitives, je m’appuie sur une définition de l’apprentissage qui correspond à un triple processus : apprendre c’est articuler de la mémorisation, de la compréhension et une capacité à reproduire ces actions mentales dans de nouveaux contextes. L’évaluation, conçue comme une ingénierie de mesure, devrait essentiellement servir à indiquer quel est le degré de maîtrise de ces acquis au regard des attendus. Elle peut donc servir de jaugeur à l’action de l’apprenant qui, par son intermédiaire, dispose d’informations lui permettant d’estimer si ces efforts vers l’apprendre sont suffisants et si les stratégies employées s’avèrent performantes.

Sylvain Connac

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L’évaluation est un moment de l’apprentissage, on ne peut parler d’évaluation qu’en fonction d’un apprentissage mis en place ou à mettre en place.
L’évaluation ne peut éluder l’apprentissage et tout apprentissage doit faire l’objet d’une évaluation (régulatrice à tout le moins).

Michel Derache

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Une première clarification se fait selon le degré de complexité de la situation. Selon Scallon (2004), trois types de situations se distinguent :
  • les situations de connaissances ;
  • les situations d’habiletés et
  • les situations de compétences.

Ce sont ces dernières que l’on peut aussi appelées tâches complexes qui peuvent prendre la forme d’une situation d’apprentissage ou d’une situation d’évaluation. Au Québec, l’expression SAE, situation d’apprentissage et d’évaluation est utilisée pour désigner les dispositifs favorisant à la fois la réalisation des apprentissages et la fonction régulatrice de l’évaluation. Selon Durand et Chouinard (à paraître, 2012), une situation d’apprentissage et d’évaluation est définie comme un «ensemble d’activités reliées à une intention éducative permettant le développement d’une ou de plusieurs compétences. [une] Situation complexe (proposant un défi cognitif) intégrant l’instrumentation pour l’évaluation. Elle favorise la régulation des apprentissages et peut proposer des pistes de différenciation pédagogique. » (p. 135).

Elle se démarque d’une situation d’évaluation que les auteurs définissent comme un :
« Ensemble d’activités interreliées qui sert à faire le point sur l’état d’acquisition et de mobilisation des connaissances. [Une]Situation complexe intégrant l’instrumentation pour l’évaluation. C’est une situation d’intégration des apprentissages.» (p. 136).

Une même distinction est faite par Roegiers
qui identifie les situations didactiques comme celles abordant de nouveaux apprentissages et les situations cibles comme celles visant l’intégration des acquis.

Micheline-Joanne Durand

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Au Québec, nous disons plutôt une SAÉ, c’est-à-dire une situation d’apprentissage et d’évaluation. Les deux sont inter-reliées et nous ne les dissocions pas. Maintenant, cela dépend du contexte. Lorsqu’il s’agit de prendre des décisions administratives, la situation d’évaluation a une réalité distincte et elle a plutôt pour rôle de vérifier l’acquisition de connaissances et l’état des compétences des élèves.

Sylvie Fontaine

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La grande différence entre une situation d’apprentissage et une autre d’évaluation réside dans le statut de l’erreur. Dans le cadre d’un apprentissage, l’erreur est un véritable indice, un appui, un point de repère. L’élève qui écrit « ils dormes » croit avoir effectué l’accord au pluriel en ajoutant un s. Celui qui affirme que les saisons correspondent au rapprochement et à l’éloignement supposés de la terre et du soleil nous donne à voir sa façon de penser. Autant d’éléments qui permettront ensuite d’envisager la construction du cours à venir.

Par contre, dans une situation d’évaluation classique, c’est-à-dire sommative, l’erreur n’est plus souhaitable et sa présence atteste d’une absence ou d’une insuffisance d’apprentissage malgré un travail effectué en classe.

Bref, dans le premier cas on peut rechercher l’émergence de l’erreur quand dans le second on souhaite sa disparition.

Sylvain Grandserre

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Une dictée coopérative est une situation d'apprentissage. Une dictée notée, une situation d'évaluation. Dans la première, on apprend l'orthographe ; dans l'autre, on fait la preuve qu'on la sait déjà. Notez qu'on parle parfois d'évaluation formatrice (et pas seulement formative...) pour dire qu'une mise à l'épreuve de l'élève peut apporter des enseignements. Exemple : échanger des courriels avec un autre élève, pour démontrer que l'on sait interagir à distance et par écrit, permet aussi d'apprendre - en situation - à réagir à ses questions et/ou à les anticiper.

Olivier Maulini

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La situation d’évaluation est au service de l’apprentissage. Elle permet d’apprécier les progrès, de comprendre les difficultés et de réajuster les apprentissages.


Martine Meurant

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Ce sont deux moments séparés tout en étant solidaires, ils s’éclairent l’un l’autre, que ce soit une évaluation contrôle de fin d’apprentissage ou une évaluation formative. L’évaluation contrôle rend compte du résultat de la situation d’apprentissage et peut servir d’indicateur pour des actions régulatrices en direction des élèves (agir sur les insuffisances) mais sert aussi au maître qui peut éventuellement s’interroger sur l’efficacité du dispositif qu’il avait mis en place. L’évaluation formative pour sa part s’intègre étroitement au dispositif d’apprentissage tout en gardant sa spécificité qui est de faire le point sur les étapes de l’apprentissage : chacune est analysée, conjointement avec les élèves, en référence aux critères de réalisation et pas seulement aux critères de réussite. En effet, l’enjeu n’est pas seulement de réduire les erreurs, d’obtenir un produit conforme, mais bien d’agir sur les processus à l’origine des réalisations, soit pour les conforter, soit pour les modifier. Pour ce faire, le maître conduit avec les élèves une activité réflexive sur les procédures employées dans le but d’identifier les plus pertinentes. L’instrument de cette évaluation est le dialogue (élèves-maître), et non les seules grilles aussi complètes soient-elles.



Marie-Thérèse Zerbato-Poudou