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Selon vous, faut-il évaluer les enfants dès l’école maternelle ?
Dès la classe d’accueil (ou petite section) ?
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Bien sûr que oui, mais tout dépend de nouveau de ce qu’on évalue… Quel parent n’évalue pas son enfant sans s’en rendre compte ? Que fait-il ? Simplement, il observe, voit ce qui va et ce qui ne va pas, et en fonction de cela il réagit pour que son enfant grandisse ! L’évaluation reste naturelle, formative, sans « points » ! Qui remettrait cela en cause ? Pourquoi faut-il à l’école coter, standardiser, comparer… ?


Jean-Marc Buret

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SÛREMENT PAS !! A cet âge, les petits doivent être l'objet d'observations ouvertes, visant leurs savoir faire et leurs progrès mais surtout SANS OUTILS !!


Eveline Charmeux

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Je ne le pense pas. Ou plutôt, je pense qu’évaluer les apprentissages des enfants en maternelle ne devrait se faire qu’en partie. Je m’explique. Si l’école maternelle se présente dans la vie d’un enfant comme l’amorce d’un long parcours qui déterminera grandement la qualité de sa vie d’adulte, les risques sont trop grands que se développe par l’évaluation, de manière précoce, ce que le psychologue américain Martin Seligman a appelé le sentiment d’impuissance acquise. Il entend ainsi la conviction qui se construit progressivement chez un élève, qu’à partir des informations transmises par son environnement, les caractéristiques de son être le rendent de manière intangible hermétique à un certain nombre d’apprentissages. « J’aime pas lire » « Je sais pas compter » « Je sais pas dessiner » Je postule donc ici que seraient trop risquées, pour des jeunes enfants, des pratiques de l’évaluation qui leur renverraient une image dévalorisée de leur être en construction, ne serait-ce qu’à travers une présentation de leurs manques.
Il me semble en revanche bien plus pertinent de s’autoriser à évaluer pour ne retenir que les réussites et les progrès, qui communiqués, tendent à valoriser ce qui est su ainsi que les efforts. Je pense par exemple à la pratique des cahiers de réussites où les enfants y collent des vignettes qui représentent les réussites manifestées, parmi un spectre large d’activités permises à l’école.
Un tel positionnement soulève la question de la difficulté qui, prise à temps, permettrait de la dépasser. Je défends plutôt la force de l’estime de soi : même si elle ne permet pas de combler toutes les lacunes, elle a le grand avantage d’entretenir l’envie d’essayer (et donc de poursuivre le développement des expériences personnelles) et de réduire la résignation du sentiment d’incompétence.


Sylvain Connac

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Tout dépend aussi de ce qu’on met derrière le mot évaluation. Pratiquer une observation fine des progrès de l’enfant, de ses difficultés sans tomber dans la quantification mais être attentif à son évolution pour y adapter nos comportements éducatifs et nos exigences cognitives n’est pas inutile, loin s’en faut. A condition de respecter le rythme de l’enfant et de ne pas placer déjà des balises rigides d’acquisitions souhaitées.

Michel Derache

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Les parents veulent être informés du développement de leur enfant qu’il soit à la maternelle ou dans les classes supérieures.
Au Québec, six compétences dites développementales, apparaissent au programme et au bulletin. Différentes façons peuvent être mises en place pour ce faire : le portfolio est un bon exemple d’un outil contenant les artéfacts de l’élève et les commentaires de l’enseignant. L’enfant peut le présenter à ses parents lors la rencontre tripartite qui est un excellent moyen de rendre les petits habiles à communiquer leurs réalisations et permet aux parents de lire les observations de l’enseignant.



Micheline-Joanne Durand

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Ça dépend de ce que vous entendez par évaluer. Dès la maternelle, l’enseignant observe ses élèves et consigne des informations quant à leur apprentissage, leurs forces et leurs défis. Il s’agit d’une collecte d’informations, via une observation, qui mène à un jugement. L’enseignant décidera tantôt de revenir en arrière, de soutenir davantage un tel élève, de consulter les parents, etc. Si vous entendez évaluation formelle, je questionne la pertinence de cette évaluation. Pourquoi ? Pour qui ? et même comment ? Toutefois, même si les enseignant de maternelle sont en mesure de porter un jugement évaluatif en s’appuyant sur leurs observations des élèves, je déplore que ces observations ne soient pas plus documentées. Le fait de documenter le jugement, d’avoir des traces pour chaque élève, est, à mon avis, un geste professionnel.

Sylvie Fontaine

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Ce qui m’inquiète le plus dans l’évaluation précoce, c’est sa dimension auto-réalisatrice, auto-prophétique. Nous connaissons bien l’effet Pygmalion. Chacun agit dans ses jugements et attitudes selon les connaissances qu’il possède du sujet. Or, le plus souvent, cela se fait dans la conservation des positions. Savoir qu’un élève est en difficulté ne nous rend pas exigeants mais davantage défaitistes ! Un comble.

Par ailleurs, l’évaluation précoce pose le problème des attentes. Or, celles-ci sont complètement inadaptées à quelques mois près selon l’âge des enfants. On s’aperçoit ainsi que nombre d’enfants soumis au redoublement sont de fin d’année et n’avaient simplement besoin que d’un peu de temps.

Bref, je recommande la plus grande prudence dans les évaluations qui peuvent être pratiquées à l’égard des plus petits. Elles doivent être basées sur une pédagogie de la réussite, valorisante, cherchant à mettre en avant ce qui va. Tout constat plus négatif doit faire l’objet de mille précautions débouchant sur des mesures concrètes de remédiation.


Sylvain Grandserre

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Voir ma réponse à la question 1 : il ne faut pas ; on le fait ! Quitte à le faire, assumons cette évidence, et évaluons les apprentissages des élèves lucidement et clairement (ce qui ne veut pas dire lourdement), plutôt qu'implicitement. La recherche a montré que plus l'école est opaque et implicite, plus elle défavorise les familles qui ne lisent pas entre les lignes, ne décodent pas ce qui est attendu d'essentiel, mais leur reste irrémédiablement caché.


Olivier Maulini

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Il me semble que l’école maternelle devient parfois « trop primaire » et passe un peu à côté de ses priorités (socialisation, développement du langage, développement corporel, autonomie, …). Une évaluation formelle (bulletin remis aux parents) ne me semble pas souhaitable durant les premières années. Par contre, l’évaluation formative permettant l’organisation des apprentissages me semble aussi indispensable que dans le primaire.

Martine Meurant

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Pourquoi poser la question ? Je ne dirai pas « il faut » évaluer mais : on évalue TOUT LE TEMPS à l’école maternelle (comme ailleurs) … en effet, l’enseignant intervient oralement sans arrêt pour juger le comportement des élèves : « c’est bien, tu as retrouvé ton prénom », « tu t’es trompé en collant tes gommettes », « il fallait colorier en rouge les carrés, pas les ronds », « tu n’as pas écouté », etc. Vous allez penser que ceci n’est pas de l’évaluation car ce n’est pas noté dans une grille … et pourtant … dès qu’on porte un jugement sur une activité soumise à une consigne (ou non, ce qui est plus contestable), l’enseignant procède à une évaluation en référence à une norme. Par ailleurs, si l’on souhaite observer de façon objective les progrès des élèves dans un domaine ou l’autre, il faut bien avoir des repères, en restant très prudent compte tenu de l’âge des enfants. Ici, l’utilisation d’une grille confidentielle permet de noter les acquis au cours de l’année et leurs fluctuations. Elle permet d’être plus objectif pour communiquer avec les parents. Par exemple, on note comment l’enfant manipule les ciseaux en cours d’année, s’il participe aux dialogues collectifs, s’il retrouve son prénom plus rapidement. On est toujours étonné de voir les progrès accomplis lorsqu’on feuillette ces « mémos » car la mémoire est défaillante face au nombre d’élèves et aux multiples activités.



Marie-Thérèse Zerbato-Poudou