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Comment concilier l’importance, pour l’enseignant, d’utiliser des outils d’évaluation complexes et nuancés (tels que des grilles d’indicateurs de la compétence) et le besoin, pour les parents, de disposer d’une information sur les résultats de leur enfant  qui soit claire, simple et facilement accessible ?
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Ah ! les fameuses grilles d’indicateurs de compétence ! Voilà encore un monstre du Loch Ness ! Je pense que c’est un leurre de croire qu’un enseignant puisse observer tout et pour chacun lors d’une seule activité… Des grilles d’observation, oui, mais encore faut-il qu’elles soient pratiques, simples à utiliser et utiles dans le travail d’évaluation … Pour ma part après 30 ans dans une classe, je suis toujours à la recherche du Graal ! Néanmoins, le fait de pouvoir suivre un même groupe d’enfants durant 2 voire 3 ans (ou plus !) permet d’affiner les observations sur une plus longue période et ainsi de se faire un tableau le plus précis possible des compétences réelles de chaque élève ! En ce qui concerne les besoins des parents, il est vrai qu’ils sont réels et légitimes mais cela ne veut pas dire que l’école doive satisfaire ceux-ci comme les parents le désirent ! Il est facile de dire pour une école qu’elle met des points parce que c’est une demande des parents ; le paravent est simple !
Quand nous avons abandonné le sacro saint bulletin à points, nous savions qu’il y aurait des inquiétudes au niveau des parents ! Il faut savoir ce qu’on veut… Si le projet voulu tient la route et est porté par l’ensemble de l’école, il suffit de bien expliquer les choses, argumenter, prouver, expliquer encore et encore… Il faut croire en ce qu’on fait ! Nous sommes les professionnels de l’enseignement et accepter que tout le monde ne puisse rejoindre notre point de vue ! Chaque école doit porter son propre projet pédagogique ; aux parents le droit de choisir si tel ou tel projet leur convient ou non…


Jean-Marc Buret

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Des grilles... oui, mais élaborées AVEC LES ÉLÈVES. Et en se méfiant de la notion de "compétences", véritable tarte à la crème, non dépourvue de dangers. 
Mais surtout à condition
que la régulation suive
Je pense qu'il faut se méfier comme de la peste de tout outil raide et technique : les gamins sont des personnes à respecter et à manipuler avec précaution. Et pour les parents attention aux "grilles" trop précises qui enferment les petits et sont interprétées par la famille en termes de jugements... Il faut rester souple, souple !!

Eveline Charmeux

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Les enseignants sont confrontés à un impératif majeur en matière d’évaluation : toute dérogation à la norme (la notation) doit s’accompagner de repères mis à disposition des parents pour qu’ils comprennent facilement, et au moins aussi bien qu’avec les « anciens » outils, d’abord où se situe leur enfant et ensuite ce qui est attendu de lui pour qu’il réussisse mieux (ou continue à réussir). C’est la raison pour laquelle je pense qu’un recours à des supports symboliques tels que les couleurs de ceintures (Cf. outils de la pédagogie institutionnelle), les brevets (Cf. la Pédagogie Freinet), les blasons, les arbres de connaissances fournissent des repères opportuns pour permettre à chacun d’être informé de ses réussites et conscients des apprentissages à engager.
En même temps, je redoute les outils d’évaluation complexes pour les enseignants, outils qui nécessiteraient davantage de temps et d’énergie passés à évaluer, au détriment de la centration sur les apprentissages et des besoins élémentaires des équilibres personnels. Ce qui s’énonce clairement par des enseignants se conçoit bien par les élèves et leurs parents.

Sylvain Connac

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Point n’est besoin de donner la même information technique qui est celle issue de notre spécificité professionnelle mais plutôt de cibler clairement une communication accessible du style (acquis-en voie d’acquisition- non acquis ou encore rythme lent d’acquisition – acquis avec le support du matériel – ou acquis après reformulation etc…) Trouver un mode de communication simple qui soit parlant sans être abusivement technique ni simplement quantitatif. C’est aussi une question de cohérence entre les différentes classes comme de communication claire de début d’année (réunion de parents- projet d’établissement…)


Michel Derache

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Le Conseil supérieur de l’éducation (2001 : 32) estime « qu’il ne faudrait pas infantiliser les parents et s’imaginer à tort qu’ils ne peuvent comprendre que des bulletins exagérément simplifiés ».

Ce qui est important c’est que les parents se sentent en confiance et qu’ils soient assurés que l’enseignant met en place les conditions nécessaires pour la progression des apprentissages de leur enfant. Les parents à qui l’on donne une information de qualité et auprès desquels l’enseignant fait figure d’autorité dans le domaine par son expertise et qui est capable de répondre à leurs multiples interrogations se satisfont des modalités d’évaluation utilisées. Les parents ne sont pas spécialistes de l’instrumentation mais ils désirent suive la progression de leur enfant.

La recherche nous indique que l’utilisation d’un portfolio peut être bénéfique dans ce cas pour
  • informer les parents de l’état des progrès de leur enfant et
  • indiquer le soutien qu’ils peuvent leur apporter pour assurer sa réussite.

Les parents basent leur opinion concernant les nouveaux types d’évaluation sur leur propre expérience scolaire. Ils sont donc plus à l’aise avec les évaluations se référant aux lettres ou aux chiffres. Ils désirent aussi avoir des séances d’informations afin d’entrer en communication avec le professeur pour discuter des apprentissages de l’élève (Greene, 1991; Newbury 2006
; Norman & Cartwright 1998; Xue & al., 2002;).


Micheline-Joanne Durand

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Premièrement, je crois que les grilles d’indicateurs, les critères d’évaluation, etc. doivent être clairs, simples et facilement accessibles à tous ; parents et élèves. Il s’agit du principe de transparence, principe que je valorise particulièrement en évaluation. Deuxièmement, on peut avoir des outils qualitatifs, tels des grilles, qui, au besoin, peuvent être traduit en résultats numériques (quantitatifs). On peut donner une valeur numérique aux critères, les prioriser, etc. C’est ce qui se passe actuellement au Québec depuis que la ministre de l’éducation, Mme Line Beauchamp, a imposé un bulletin unique et chiffré pour toute la province (rentrée 2011). Il importe toutefois de conserver le jugement de l’enseignant qui, lui, n’est pas une donnée numérique. Le jugement de l’enseignant repose sur un ensemble de traces de l’apprentissage de l’élève. Traces qui ont été cumulées sur une période de temps et qui sont consignées par l’enseignant. Par traces, j’entends des documents tels que des grilles mais aussi des notes d’observations, des fiches anecdotiques, etc.

Sylvie Fontaine

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Nous mettons là le doigt sur un des principaux problèmes. Nos élèves sont les enfants d’autres adultes. Notre temps et le leur divergent. Là où nous réclamons de la patience, d’autres adultes veulent du résultat, de la performance, et rapidement (je pense à la lecture par exemple).

Je ne vois qu’une façon de s’en sortir : inviter, communiquer, échanger, avec ses parents qui le plus souvent ne font qu’exprimer une angoisse liée à la situation sociale et professionnelle du pays. Surtout, nous devons leur faire comprendre qu’un excès d’exigence mal venu, ne prenant pas en compte leur enfant, est redoutable et contre-productif.


Sylvain Grandserre

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Je doute de plus en plus du fait que l'enseignant ait besoin "d'outils d’évaluation complexes et nuancés (tels que des grilles d’indicateurs de la compétence)". Une pragmatique de l'évaluation demanderait plutôt d'alléger au maximum les instruments, au bénéfice de plus d'observation, de plus de différenciation (pourquoi évaluer les élèves qui apprennent tout seuls ?), de plus de communication avec l'élève à soutenir et ses parents. L'école passe plus de temps à essayer de légitimer les résultats scolaires qu'à vraiment les améliorer : c'est pour cela que nous croulons sous les grilles, les indicateurs, les notes, les moyennes, les standards, etc. Il ne s'agit pas de jeter la pierre à l'institution : force est de constater qu'elle est elle-même sévèrement évaluée et contrôlée de l'extérieur, et qu'il est plus utile, pour un ministre, de justifier tout de suite les résultats de son école (bons ou mauvais) que de prier la population d'attendre 30 ans pour qu'une réforme de grande ampleur et s'appuyant sur l'expertise des enseignants réussisse comme en Finlande...


Olivier Maulini

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Ces outils d’évaluation sont utiles à l’enseignant puisqu’ils lui permettent de recentrer les futurs apprentissages de l’enfant. Ils ne doivent pas être restitués aux parents mais serviront à l’enseignant pour compléter une évaluation simple et adaptée à leurs attentes.

Martine Meurant

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Je ne peux à nouveau m’exprimer que pour la maternelle. Voici ce qui me semble raisonnable de faire (et qui a été réalisé dans des écoles) : tous les deux mois environ, le travail de l’élève, pour les domaines d’apprentissages fondamentaux, est rassemblé dans une pochette accompagné d’une fiche qui énonce les objectifs et compétences visés par les apprentissages concernés, et les critères retenus. Par exemple, pour les premiers essais de copie d’un mot, le maître indique l’objectif : « premier essai de copie du mot …x … », puis les compétences, les critères retenus et ceux qui ne le sont pas mais aussi les conditions « être capable de faire la copie du mot sans oublier une lettre, au bout de trois essais ». « Les critères comme le respect rigoureux des proportions entre les lettres, l’horizontalité du tracé seront travaillés plus tard ». Il indique aussi les comportements observés : tenue du crayon, rapidité ou autre. J’ai conscience que ceci demande du temps mais pour moi il est plus important de mettre en évidence les progrès que les seules réussites (ou échecs). Pour le langage oral, qui ne laisse pas de trace concrète, il suffit d’indiquer sur une fiche ce qui a été travaillé au cours de la période concernée « nous avons appris les mots … », « nous avons observé puis décrit … ».



Marie-Thérèse Zerbato-Poudou